1.2.1 la question du Cut en relief

Si l’on considère le cut (ou coupe) comme un mouvement de caméra (ce qu’il est par certains aspects), il s’inspire de la saccade oculaire qui est une véritable saute de point de vue.
Le cut donne au spectateur un degré de liberté propre au langage cinématographique qui use de ces bonds instantanés dans l’espace-temps et des mises en relation qui en résultent pour évoquer le voyage intérieur de la pensée. Ce degré de liberté cinématographique compense la perte des deux autres degrés présents dans le cas de la vision en conditions réelles: la possibilité de s’orienter, de choisir un axe et la possibilité de changer de point de vue, de se déplacer.

Lors d’une saccade oculaire, d’un point de regard à l’autre (dont l’angle varie de 20°à 40° ), il y a effondrement du champ visuel (environ 10% de sa valeur), évitant la perception d’un filé panoramique.

Les figures 1 et 2 représentent le phénomène de la saccade oculaire en mettant en évidence sa brièveté (50 millisecondes à une vitesse angulaire de 800°/sec) et l’effondrement du champ visuel de 100% à 10%. (source: cinéma et dernières technologies, article de Claude Bailblé, p229)

Les figures 3 et 4 proposent une analogie avec le cut cinématographique dont la discontinuité est comparable.

Dans le montage traditionnel 2D, les raccords plan à plan à l’intérieur d’une même séquence rétablissent la continuité fluide de la perception apparente: l’action s’y déroule sans coupure apparente, les coupes sont rendues indétectables notamment par l’habitude du cerveau des saccades oculaires et par le fait que le champ visuel est neutralisé en périphérie (au-delà de l’écran).

Qu’en est-il dans le cas particulier du cinéma relief?

Le Cut dans le cinéma en relief demande à être expérimenté pour en définir les limitations. En effet, la correction de la convergence demande au cerveau un travail supplémentaire. De par sa nature plane, l’image cinématographique demande moins d’efforts musculaires (en savoir plus). Ceci a des répercussions directes sur le montage et notamment sur les précautions à prendre lors d’un Cut. Dans le cas du cinéma en relief, en terme d’effort musculaire, on se rapprocherait plus d’une saccade oculaire en condition réelle que d’un cut traditionnel 2D.

HYPOTHESE:

Deux plans montés en cut, pour ne pas créer de gêne oculaire chez le spectateur, doivent avoir les caractéristiques suivantes selon les praticiens:

-Le plan stéréo doit se situer à la même distance en fin de premier plan et en début de deuxième.

- la valeur ne doit pas être trop différente d’un plan à l’autre

-la règle de Lipton pourrait s’appliquer lors d’un cut (veiller à ne pas dépasser le seuil de disparité binoculaire d’un plan à l’autre)