5.1 Workshop 1: travail en images fixes

QUAND ?

Du 8 au 12 décembre 2008

OU ?
ECAL, Renens

QUI ?

5 élèves de 3ème année, département cinéma

Encadrement : Sam et Fred Guillaume, Renato Berta, Laurent Kempf

Objectifs

Théoriques

  • introduction à la vision stéréoscopique
  • introduction des paramètres de base de prise de vue (entraxe, angulation, focale, limitations,…) et présentation d’exemples.
  • démystification de la technique et démonstration que le relief peut être obtenu par des moyens simples et non dédiés.

Pratiques

  • comprendre les principes de base de la stéréoscopie.
  • travail sur le cadre et la composition de l’image.
  • explorer des pistes nouvelles avec des moyens basiques.
  • tester les limites de la technique.

Travaux pratiques

« Les nouvelles contraintes liées au relief ne vont elles pas brider la créativité ?»
Voilà une question fondamentale posée par les participants confrontés pour la première fois à la fabrication d’images en relief.
Nous avons décidé lors de ce premier workshop d’esquisser une réponse à cette question. L’idée étant de comprendre les limitations théoriques et de les utiliser de manière créative.
Afin de ne pas introduire trop de paramètres en même temps, nous avons décidé de nous limiter dans un premier temps à la fabrication d’images fixes.

Le relief « à l’arrache»

Les craintes de certains participants étaient de ne plus pouvoir réaliser des images sur le vif et de perdre en spontanéité. Ils ont donc proposé de réaliser des images de type reportage avec un dispositif léger de 2 caméras vidéo écartés de 6.5cm, sans angulation. Aucun réglage supplémentaire n’a été effectué lors de la prise de vue. Les images ont simplement été réalignées en post-production.

Conclusion
Le relief ne semble pas être une grosse contrainte et permet de réaliser des images sur le vif de manière légère. Par contre il faut compter un peu de travail de réalignement en post-production (en donc du recadrage latéral)

Reflets et Lens Flare

La littérature et l’expérience des spécialistes du relief nous incitent à éviter les reflets dans les vitres et les flares dans l’objectif car ils rendraient le fusionnement des images difficiles. Nous avons donc voulu expérimenter pratiquement cette limitation.

Conclusion
En relief, un reflet dans une vitre ou un miroir est reproduit en volume et fait exister un nouvel espace. Cet effet, bien que parfois perturbant, est une piste intéressante à explorer pour créer des images d’un nouveau genre.
Les reflets dans la caméra peuvent devenir gênants s’ils sont trop différents d’une image à l’autre. C’est le cas lorsque l’on a une entraxe et/ou une angulation importante. Mais lorsque les reflets sont fusionnables, la lumière se matérialise dans l’espace, elle devient « solide ». Le relief nous faire voir la lumière sous un nouvel angle ; c’est une piste à explorer pour les chefs-opérateurs.

Le Flou

« Eviter le flou, surtout en jaillissement ». Voilà une autre limitation qui revient souvent dans la littérature. Nous avons voulu expérimenter les limites de cette règle.

Conclusion
Le cerveau parvient parfaitement à fusionner une image floue et replace les éléments dans l’espace sans problème. Le flou peut être reposant et, comme pour les images planes, il guide l’œil à l’intérieur de l’image. Les quelques essais que nous avons réalisés tendent à prouver qu’une petite profondeur de champ est tout à fait envisageable en relief, aussi bien pour les fonds que pour les jaillissement ; tout est une question de composition.

Images sombres et contrastées

La littérature recommande de réaliser des images peu contrastées et bien exposées. C’est une limitation majeure pour un chef opérateur ! Si la théorie se vérifie, les images en relief risquent de toutes se ressembler et lasseront vite le spectateur. Nous avons testé pratiquement cette limitation.

Conclusion
Les contrastes importants posent des problèmes uniquement lorsque la séparation des images G et D est mauvaise en projection (ghosting). Certaines images sont infusionnables en anaglyphes mais parfaitement visibles en projection polarisée.
Dans le cas d’une bonne projection, les contrastes importants ont plutôt tendance à aider à la fusion des deux images. Les systèmes de reproduction relief s’améliorant de jour en jour, il est envisageable et souhaitable que cette limitation disparaisse.

D’autre part, en image fixe, le grain n’est pas un problème pour le relief ; reste à tester en mouvement.

Cadrer en relief

Parallèlement aux exercices ponctuels, quelques élèves ont réalisé une séquence de 6 images fixes, en studio, afin de se confronter à la mise en place d’un plan relief de manière plus précise. Le thème choisi: « le coup de foudre ».

Remarque:Certaines images de la séquence sont plus facilement fusionnables en projection polarisée qu’en anaglyphe; ce phénomène est du aux forts contrastes et à la couleur rouge du sang.

Conclusion
L’espace  reproduit et l’éloignement apparent des sujets varie de manière très importante lorsqu’on modifie la focale. Il faut donc être encore plus vigilants qu’en image plane lorsque du choix des focales. Dans la séquence réalisée, les sujets sont physiquement toujours à la même place mais la distance apparente entre eux varie fortement d’un plan à l’autre (les longues focales rapprochent les sujets alors que les courtes focales les éloignent). Cette contrainte, si elle est bien utilisée, peut devenir un outil de narration très intéressant pour un réalisateur.
La perte de volume des sujets dû à l’utilisation d’une longue focale semble être un problème mineur.

Divers

Des idées plus abstraites ont également trouvées leur place dans le workshop : mise en relief de tableaux de Vasarely ou superposition de deux objets identiques placés côte à côte lors de la prise de vue, jeu sur la disparité des images gauche et droite…

Projection de « Fly Me To The Moon »

Comme aucun participant n’avait vu un long-métrage en relief, nous sommes allé voir le film de Ben Stassen, « Fly Me to the Moon » en relief à CapCiné à Fribourg.

Ce qui est ressorti des débats est que le relief fonctionne bien, qu’il est très bien maîtrisé et que, même sur 1h30, ça n’est pas fatiguant.
Par contre le choix de filmer un parallèle (en savoir plus…) a été longuement discuté . Malgré un écran de projection mur à mur, l’espace reproduit semblait réduit. La reproduction des ciels à plats sur l’écran à été relevé par certains comme gênant.

Autre problème soulevé par la prise de vue en parallèle : les effets de jaillissement choisi par le réalisateur ne ressortent pas car ils sont noyés dans un jaillissement constant.
L’exploitante de CapCiné a relevé que la critique principale des spectateurs était que le film « manquait de jaillissement ». Lorsqu’on filme en parallèle, les spectateurs s’habituent au jaillissement constant de l’image, ce qui atténue les effets plus fort. Le fait d’utiliser l’espace derrière l’écran permettrait sans doute plus de variations dans la profondeur et de donner plus de relief au jaillissements.

Avant la projection, nous avons eut l’occasion de visiter la cabine de projection et une personne du staff nous a expliqué ce que le relief implique pour un exploitant de salle.

Nous remercions Capciné pour leur accueil chaleureux et nous leur souhaitons plein de succès… et de nouveaux films en relief !

Conclusion

Le relief offre de nouvelles possibilités qui ne demande qu’à être explorées par les créateurs. Nous avons remarqué que les participants qui n’étaient pas « pollués » par la théorie et les aprioris ont abordés le relief de manière libre et inventive. Les nouveaux outils numériques y sont aussi pour quelque chose; le relief devient accessible et immédiat dans sa reproduction.

Quelques réflexions des participants:

« Je perçois les choses de manière différente; je donne plus d’importance aux volumes. »

« Une autre manière de considérer le cadre; malgré l’inévitable envie de négliger la composition générale au profit d’élément(s) ponctuels(s) impressionnant(s). »

« Je redoutais. Il y a peut-être quelque chose là derrière. Reste à trouver… »

« La perception d’une image 3D demande nécessairement plus de temps qu’une image en 2D pour se l’approprier. En d’autres termes, une image 3d s’épuise moins vite et sa dimension supplémentaire est étroitement liée au temps. »

Des photos de travail

Le prochain Workshop abordera le mouvement !