1.3.0 le paradoxe de la nouveauté

Il est intéressant de noter un phénomène récurrent dans le marketing des films de Majors lorsque ceux-ci utilisent de nouvelles technologies.

Comme s’il n’arrivait pas à se détacher de ses origines, le cinéma à grand spectacle produit par les majors est souvent promu comme une attraction foraine promettant des sensations inédites, marquant un avant et un après (nothing that has gone before can compare with this, affiche de House of Wax, 1953). Il en a été ainsi pour Jurassic Park qui présentait pour la première fois des créatures virtuelles crédibles, pour Toy Story qui constituait le premier film totalement virtuel.

Loin de remettre en question ces évolutions (plus que ces révolutions) techniques, il nous semble important de relativiser ce discours de la rupture à l’heure ou le relief déferle sur nos écrans, présenté comme une révolution comparable au son ou à la couleur.

Car à l’interne, le studios redoutent les ruptures et tendent à intégrer progressivement les nouveautés dans un champ connu.

Dans Toy Story, par exemple, tout a tété fait pour ne pas heurter le spectateur en lui donnant des repères connus.
Craig Good, responsable du découpage explique pourquoi il a opté pour un style classique: « nous voulions que le public se sente à l’aise avec des images nouvelles pour lui ». Plutôt que de maximiser les possibilités nouvelles, la production a préféré les repères connus du public (mouvements de caméra équivalents au cinéma 2D, structure et découpage classiques).

Pour ce qui est du relief, on peut entendre les mêmes discours de la part des grands studios.

Ainsi lorsque Jeffrey Katzenberg de DreamWorks animation affirme «qu’il s’agit de la meilleure opportunité que l’industrie  du cinéma et les exploitants de salles aient vue en trente ans » d’une part et « que les réalisateurs ne changerons rien à la manière de faire leurs films » d’autre part, on est en droit de se demander si la révolution annoncée en est vraiment une.

D’autre part, il faut noter que la plupart de ces innovations techniques a été reçue positivement par le grand public (séduit temporairement par le nouvel effet de réel), mais dédaignées par l’intelligentia, le plus souvent réfractaire aux changement des règles du jeu.

En ce qui nous concerne, nous pensons en terme d’évolution et non de révolution. L’innovation est un processus lent et complexe, un aller-retour entre la forme et le fond, entre la technique et l’art. Il en est de même pour le relief qui n’a cessé d’évoluer depuis les origines du cinéma sans réussir à s’imposer durablement pour l’instant.